Bien-être

Oui, je suis ronde et je m’aime malgré la pression sociale

De tout temps la femme a toujours été contrainte de respecter certains codes esthétiques pour avoir le droit d’être belle, de séduire et d’avoir sa place dans la société. Chaque époque apporte son lot d’icônes, les modèles choisis par les médias féminins comme les références de beauté du moment. Avant l’ère Kardashian, une femme se devait d’être très mince, sans forme comme Kate Moss alias brindille ou bien Inès de la Fressange. Le règne du clan Kardashian sur le monde de la beauté, a changé les standards esthétiques  et aujourd’hui c’est la silhouette en sablier qui est à la mode: grosses fesses, taille fine, et larges hanches. 

Cette dictature esthétique imposée par les médias féminins contribue au mal-être de nombreuses femmes qui n’entre dans aucun critère esthétique imposé par la société actuelle. Comment apprendre à s’accepter et aimer son corps dans une société aussi dure et exigeante? Alexa, jeune blogueuse, nous raconte son long parcours face à l’acceptation de soi.

Qui es-tu ? Présente-toi en quelques mots.

Je m’appelle Alexa. J’ai 27 ans et je suis blogueuse. Ce n’est pas mon métier, c’est plus une passion de l’écriture qui m’a mené à rouvrir mon propre blog. J’écris sur des sujets d’actualité, de société la plupart du temps (comme la confiance en soi, les problèmes raciaux, etc.), mais je parle également de mode et de cheveux. J’aime cette polyvalence que je peux avoir avec mon blog. http://thegoodgirlnextdoor.com

En parlant de mode, le côté particulier de mon blog c’est le fait que je sois « curvy » (femme avec des formes NDLR) . De ce fait, j’aborde forcément ce domaine sous cet angle, même si j’aspire à ce que mes articles parlent à toutes les femmes. Je porte donc du 44, mais aussi du 46. J’ai même déjà porté du 54.  Je porte ce qui me va quoi !

Que penses-tu des exigences esthétiques imposées aux femmes par le monde de la mode et les médias féminins ?

Il est vrai que même si aujourd’hui nous voyons plus de femmes avec des formes, des femmes non retouchées, des femmes noires… Le monde de la mode reste tout de même un monde très élitiste et très fermé.

Même si les standards ont changé, car aujourd’hui ce qui est à la mode c’est d’avoir le corps d’une Kardashian ou d’une Jenner, il y a toujours des codes bien définis : le ventre plat, les hanches bien larges, si le modèle est noir, il ne doit pas être trop foncé ou métis. Si la nana est métisse, il faut qu’elle ait des jolies boucles châtain clair. Si elle est noire, elle doit ressembler à Beyoncé, etc.

En d’autres termes, si je fais plus qu’un 42/44 et que je ne ressemble pas à Ashley Graham (mannequin grande taille, NDLR) , et bien, je suis encore mise de côté et je reste sous-représentée. Sauf que, les médias essayent de nous faire croire que c’est déjà une libération, une avancée pour nous femmes rondes. Or, j’ai constaté à mainte reprise que nous étions toujours considérées comme des consommatrices de second ordre et que cela provoquait forcément des déceptions et bien évidement, de la colère.

Pour ou contre la chirurgie esthétique ? 

Je suis pour la chirurgie esthétique dans une certaine mesure. En effet, il faut être lucide, toutes les femmes sont différentes et toutes les femmes n’ont pas la même appétence à s’accepter et à s’aimer comme elles sont. Alors si elles estiment qu’un défaut leur gâche la vie et qu’elles ont les moyens de le changer avec la chirurgie, pourquoi pas. C’est leur corps, leurs règles. J’estime également que si cela touche la santé et qu’il y a un réel danger, je ne vois pas pourquoi elles en décideraient autrement. Chacun est maître de son corps. Maintenant, si c’est pour ressembler à quelqu’un d’autre, je dis non. Forcément, car selon moi, la dérive est facile.

Que penses-tu des femmes-objets telles que le clan Kardashian ou Nabila ?

Je ne pense pas que les femmes de manière générale soient des « femmes objets ». Je suis complètement anti-jugement, car chacun fait ce qu’il veut de son corps et la définition de ce qui est beau est propre à chacun.

Je pense que cette déshumanisation des femmes telles que Kim Kardashian par exemple, est d’abord due au fait que les hommes en ont fait un objet de désir. Je pense que c’est comme une fille avec une jupe courte dans la rue qui reçoit des remarques salaces d’hommes qui passent et la regardent comme un prédateur peut regarder sa proie.

Par contre, le fait qu’elles en jouent et surfent sur cette vague, cela leur appartient. Je ne suis pas forcément d’accord avec la démarche, car j’ai mes propres principes et valeurs, mais après, nous le savons tous, il s’agit d’un business pour elles. Ni plus ni moins.

Crois-tu qu’elles aient une bonne influence sur les femmes ?

Je pense que leur influence est double. Il y a du bon et du mauvais.

Pour le bon, disons que cela peut aider certaines femmes à se décomplexer, à s’accepter, à oser… Mais, d’un autre côté, il y a une banalisation de la chirurgie, et sexualisation qui en découle et avec laquelle je ne suis pas en accord. Surtout pour les plus jeunes qui vont s’identifier à des jeunes femmes comme Kylie Jenner, qui te disent « non j’ai pris 5kg » (Elle réfute le fait d’avoir eu recours à la chirurgie esthétique pour sa transformation physique NDLR)  alors que sa transformation physique se fait aux yeux de tous. J’aurai préféré qu’elle renvoie un tout autre message comme « oui avant je n’aimais pas mon corps, et j’ai décidé de le changer , aujourd’hui je me sens bien » que dire à des filles « je rajoute juste du crayon pour avoir un effet plus pulpeux ».

Est-ce que tu souffres du regard des autres ?

Je ne souffre pas du regard des autres. Cela n’a jamais été le cas d’ailleurs. Je souffrais plutôt de mon propre regard, celui que j’avais sur mon corps. Ce regard froid, dur et réprobateur qui a été conditionné par la société.

Penses-tu que ton poids soit un frein à la séduction ? À l’amour ?

 Le poids et la silhouette sont deux choses différentes. Si je faisais 200kg, mais que j’avais le corps d’Amber Rose, je ne me verrais pas de la même manière que si je faisais 200kg et que j’étais alitée. Et c’est normal !

Mais non, je ne pense pas que le poids soit un frein à l’amour ou à la séduction. Par contre le manque de confiance en soi oui, et on peut être mince, faire du 36 et ne pas avoir confiance en soi. Cela ne découle absolument pas du poids.

As-tu déjà subi des discriminations ou moqueries au travail vis-à-vis de tes formes ?

Non jamais. En tout cas, pas de manière frontale.

Es-tu épanouie ? Te sens-tu bien dans ta peau ?

En effet, je suis épanouie. Je me sens bien dans ma peau de manière globale, mais il faut avoir conscience d’une chose : c’est qu’il y a des jours avec et des jours sans. Je ne suis pas tous les jours bien dans mon corps. Il y a des jours où je ne me trouve pas jolie, où je me trouve trop grosse. Je suis un être humain, avec mes hauts et mes bas. Mais c’est vrai que cet état-là est beaucoup plus rare qu’il y a 10 ans alors que j’avais 20 kilos en moins.

Acceptes-tu tes rondeurs ? Si oui, pourquoi ?

J’accepte mes rondeurs. Je les accepte et je les aime. Je pense qu’il faut faire une distinction, car accepter résonne un peu comme une résignation alors que n’est absolument pas le cas. J’ai accepté mes formes parce que je n’étais pas heureuse quand je ne les acceptaient pas. Voilà pourquoi. Et mon principal objectif de vie est d’être heureuse. Je me sentais prisonnière de mon propre regard, de mon dégoût. Et le fait d’en être libérée, fait qu’aujourd’hui, je me sens bien dans mon corps. Je le remercie sans cesse de me porter et de me permettre de faire toutes les choses que je fais, que ce soit du sport ou juste marcher pour aller au bureau.

Te sens-tu belle et désirable telle que tu es ?

Je me sens belle. Du moins, je sais que j’ai un certain charme. Je me sens désirable aussi. Même en pyjama LOL. Mais ce n’est pas mon corps qui produit cela, c’est mon état d’esprit, ma confiance en moi, mon amour pour moi. J’ai conscience de ma beauté en effet. Et aujourd’hui, j’arrive à voir et à ACCEPTER ce que certaines personnes ont pu voir ou voient en moi.

As-tu des complexes ? Si oui lesquels et pourquoi ?

Question qui fâche ahahah ! Oui j’ai des complexes. Je crois que même Rihanna a des complexes. Pour moi c’est les bras et la partie le ventre/poignées d’amour. Ce sont les parties que j’essaye de travailler le plus, car je pense que je serai en meilleure forme. Après, c’est vrai que cela ne m’empêche pas de vivre, de m’habiller comme je le souhaite.

Y a-t-il des avantages à accepter son poids, son corps, ses formes ? Si oui lesquels ?

Il y a forcément des avantages. Pour commencer, j’ai un regard beaucoup plus indulgent, beaucoup plus compréhensible sur mon corps. Je ne me dégoûte plus, je ne pleure plus. Je n’ai plus peur. Ensuite vient le fait que j’ai beaucoup plus confiance en moi, et forcément ça se ressent. Les autres le ressentent aussi.

Pour finir, je dirai que le plus gros avantage que j’en ai tiré c’est que je n’ai plus besoin « d’être représentée » dans les magazines ou autre. En fait, je devrais plutôt dire que je ne cherche plus des femmes qui me ressemblent dans les médias, cela ne m’influence plus du tout concernant mes tenues ou mes coiffures. Je mène la vie que je désire, point. Et peu importe que la société ait ses standards (qui ne correspondent pas), ils n’ont pas d’impact sur la femme que je suis et que je veux être.

En tant que femme que dirais tu aux autres femmes ? Et que dirais-tu en général aux autres pour qu’ils s’acceptent davantage?

Je voudrais dire à toutes les personnes qui vont lire cet interview et qui souhaiterait s’accepter, que le chemin n’est pas facile. Il faut en être conscient. Ça ne tombe pas du ciel et il s’agit d’un travail constant, qui se fait sur la durée. Il y a des jours où tout nous paraît facile et d’autres moins. Par contre, cela en vaut la peine. La libération que l’on ressent est incomparable. Alors osez ! Osez porter ce que vous trouvez joli. Osez vous coiffer comme vous le souhaitez. Osez être vous-même. Et surtout, n’oubliez pas d’être indulgent avec vous, votre corps. Il est fort, il est beau et il est le vôtre. Nous n’en avons qu’un et nous perdons tellement de temps à y trouver des défauts que nous en oublions ce qu’il fait pour nous.

Aimez-vous comme vous êtes, car personne ne pourra le faire à votre place.

 

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