La France ainsi que la majorité des pays d’Occident sont les plus gros consommateurs d’antidépresseurs et d’anxiolytiques au monde, sans parler des substances comme l’alcool, les drogues en tous genres et le tabac dont l’Occident est très friand.
Le mal-être humain a de nombreuses causes multifactorielles bien évidemment. L’environnement sociétal et familial y contribue pour beaucoup. Et dans cet article, je ne vais qu’évoquer les causes exogènes les plus courantes qui ont conduit des sociétés hyper-techniques, riches, et industrialisées à devenir des marchands de souffrance. Mon propos sera simplifié au maximum car chaque cause demanderait des heures et des heures d’approfondissement.
Ici, il n’est pas question de vous dire comment gérer votre vie, ni de vous donner un mode d’emploi. Il s’agit juste de vous pousser à vous questionner sur vos choix de vie. Sont-ils vraiment les vôtres ? Ou sont-ils directement influencés par le conditionnement capitaliste?
De même, il ne s’agit pas d’une invitation à éradiquer l’idéologie du capitalisme mais plutôt de faire le constat des dégâts occasionnés par une idéologie lorsqu’elle n’a plus de garde-fous.
Le capitalisme, une idéologie inhumaine.
Selon les calculs du World Inequality Lab, le patrimoine est très inégalement réparti sur la planète. Les 1% des personnes les plus riches possèdent près de deux fois plus que les 90% des plus pauvres. Les 10% les plus aisés possèdent 75% des richesses mondiales.
On peut légitimement se demander si l’individu issu du monde occidental n’est pas le sous-produit d’une société capitaliste qui pour fonctionner à besoin de braves soldats obéissants et soumis à cette idéologie? L’essence du capitalisme est la recherche du profit.
En d’autres termes, notre société occidentale s’est construite depuis plusieurs décennies, sur cette recherche du profit financier à tout prix quitte à détruire l’essence d’un humain au nom du profit économique. L’humain n’est en aucun cas au centre de notre société. Il n’est que l’esclave du Dieu argent. D’ailleurs le chef-d’oeuvre « Fight Club » de David Fincher en décrit tous les tenants et aboutissants :
Vous n’êtes pas votre travail, vous n’êtes pas votre compte en banque, vous n’êtes pas votre voiture, vous n’êtes pas votre portefeuille, ni votre putain de treillis, vous êtes la merde de ce monde, prête à servir à tout.
Selon Adam Smith, philosophe: «Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la recherche de leur propre intérêt»
D’ailleurs, l’expansion du « Métro, Boulot, Dodo » a conduit des millions de personnes à sombrer dans la dépression. Nous sommes clairement dans un système sociétal défaillant.
La surconsommation du divertissement comme une fuite de soi-même.
L’industrie du divertissement (Musique, Cinéma, Réseaux sociaux etc.) n’a jamais été aussi lucrative que de nos jours. Pourquoi ? Eh bien, le divertissement à outrance est un inducteur d’état. Autrement dit, le divertissement sous toutes ses formes, nous fait oublier durant un instant notre mal-être intérieur. Les gens ont tellement du mal à être en leur seule compagnie qu’ils ont besoin d’être diverti d’eux-mêmes.
C’est une fuite de soi à travers le divertissement constant. Ici, je ne parle pas d’une démarche éducative du divertissement qui viserait à se découvrir et se nourrir intérieurement en se connectant intellectuellement et émotionnellement au monde intérieur de certains artistes et érudits de ce monde pour élargir le votre. Je parle essentiellement d’une surconsommation du divertissement par peur d’être seul avec soi-même.
Très peu de personnes de nos jours, sont capables de rester chez elles en silence avec elles-mêmes ne serait-ce qu’une heure sans allumer la TV, sans écouter de la musique et sans être collé à leur téléphone portable. D’ailleurs, un des maux les plus courants de notre siècle est la peur de la solitude. Or, pour se rencontrer soi-même et apprendre à se connaître, il est nécessaire de faire le silence à l’extérieur pour pouvoir entrer en soi et écouter son monde intérieur.
De plus, la consommation d’une substance, d’un objet ou d’un divertissement libère un cocktail d’hormone du bonheur par le cerveau en mode shoot immédiat mais éphémère. Et ça la société de consommation l’a très bien compris. C’est pourquoi, elle manipule en ce sens en créant des besoins de plus en plus inutiles et abrutissants dans le seul but de vous maintenir sous son emprise.
En outre, si on vous divertit de vous-même constamment, vous n’avez plus de temps, ni d’énergie pour développer votre discernement et votre sens critique. Vous serez donc plus enclin à remettre votre pouvoir personnel à l’extérieur de vous et donc d’annihiler toute pensée personnelle au profit d’une pensée unique et collective.
Une société qui s’est éloigné du spirituel.
Fût un temps, le christianisme en Occident ainsi que les autres religions monothéistes : Judaïsme et Islam, donnaient du sens à la vie. Les êtres humains savaient pourquoi ils vivaient. Ils avaient des règles strictes issues de la doctrine religieuse qui régissaient leur vie en y donnant un cadre. Les grandes religions ont très vite compris que l’Homme est un être faible et soumis à ses pulsions passionnelles, capable du pire comme du meilleur. Donc enclin à faire le mal pour assouvir un désir egocentrique. D’où des règles de vie assez rigides pour éduquer le descendant d’Adam et Ève.
De plus, la vie spirituelle donnait du sens aux épreuves et difficultés de ce bas monde, ainsi qu’un refuge salvateur. Or, comme l’explique le célèbre psychiatre et psychologue, Carl Gustav Jung, la psyché humaine a besoin de l’archétype de Dieu pour fonctionner sainement.
Or, de nos jours bien qu’il y eut l’avènement du courant spirituel New-âge qui est une autre façon de consommer cette fois du spirituel, dans une forme de conditionnement abrutissant, la majorité des occidentaux, sont tels des bateaux à la dérive, ayant perdu leurs boussoles intérieures.
S’il n’y a plus de Dieu garde-fous qui risque de vous punir si vous agissez mal, alors vous êtes libres de tout faire, même de commettre le pire sur terre juste pour votre propre plaisir sans tenir compte des conséquences sur le genre humain et les écosystèmes vivants.
Un mal être dû à des carences affectives et de la maltraitance durant l’enfance.
Suite à des études scientifiques vulgarisées par le psychiatre John Bowlby, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik et la philosophe et politologue Hannah Arendt, nous savons que les carences affectives intra utero et ce jusqu’à la préadolescence provoquent une atrophie du cerveau et une suppression de l’empathie. Ce qui génère des comportements violents, autodestructeurs et un mal être intérieur.
L’état émotionnel dysfonctionnel de la mère est bien évidemment la cause première de cette atrophie du cerveau d’un enfant.
Or, nous savons que la société actuelle et son idéologie capitaliste contribuent à mettre certaines mères en insécurité financière, générant un stress immense en elles qui va impacter l’enfant qu’elles portent. Sans parler du poids sociétal du « quand dira-t-on » lorsqu’une mère décide de mettre sa carrière professionnelle entre parenthèses pour s’occuper des enfants.
De nos jours, être mère aux foyers est très mal vu. Certains iraient même jusqu’à parler de paresse et de manque d’ambition. Or, qui de mieux qu’une mère pour élever son enfant ? Pourtant, encore aujourd’hui, on incite les mères qui viennent tout juste d’accoucher à retourner le plus vite possible au travail en laissant leurs bébés aux mains d’inconnus. Alors que d’après les études scientifiques à ce sujet, un bébé a besoin d’une figure maternelle omniprésente, sécurisante et aimante de façon constante jusqu’à ses deux ou trois ans au moins pour que son développement cognitif se fasse dans les meilleures conditions.
Si en plus de problématiques financières, la mère se retrouve dans une situation sociale et familiale complexe : ( Séparation, divorce, maladies, maltraitances et insécurités en tous genres) le développement cognitif de l’enfant sera d’autant plus impacté négativement créant potentiellement des troubles psychiques pathologiques.
Le conformisme social comme modèle unique du bonheur familial.
La société occidentale post Seconde Guerre mondiale avec l’avènement de l’industrialisation, a créé un modèle de bonheur familial sur mesure : le fameux couple marié, deux enfants, avec un chien et une maison acheté à crédit. Même si ce modèle de vie familiale peut correspondre à certains, il ne correspond pas à tout le monde. Pourtant, il est véhiculé comme LE seul modèle de bonheur à suivre. Toute une génération d’individus ont tenté d’y coller et d’entrer dans le moule allant jusqu’à renier les aspirations de leur coeur qui les poussaient vers un mode de vie différent. Dans une société individualiste et consumériste, l’épanouissement individuel ne compte pas vraiment puisque l’individu pour faire fonctionner le système à l’obligation de faire comme tout le monde.
Rajouter à ce conditionnement, les illusions et croyances sur l’amour véhiculées par Hollywood et Walt Disney et vous vous retrouvez avec toute une génération en mal d’amour à la recherche du mouton à cinq pattes. Et constamment malheureux dans les relations amoureuses car à la poursuite d’une chimère.
Il y a effectivement toute une rééducation à faire, un réapprentissage de la vie et des moeurs sociales, pervertit par l’idéologie du capitalisme. Peut-être qu’il est temps de remettre l’humain au sens humaniste du terme au centre de nos préoccupations ?